Yves Le Blevec/Alex Pella, mots ultimes
Brest Atlantiques, un saut dans l’inconnu
Yves Le Blevec : « Il y a beaucoup de premières : d’abord, c’est une course au large qui part de Brest, c’est nouveau ; ensuite, elle est faite pour les « Ultim » par les « Ultim », c’est notre course, avec un format et un parcours parfaitement adaptés à la taille des bateaux, c’est la première épreuve du circuit tel qu’on voudrait qu’il soit. Il y a aussi ce côté media man qui est une première, ça fait quand même beaucoup de choses nouvelles. »
Alex Pella : « Personnellement, j’ai navigué en solo, en double, en équipage, sur des petits, des moyens et des gros bateaux, sur une ou plusieurs coques, mais je n’ai jamais couru en double sur une si longue distance sur des gros bateaux comme ça, donc c’est très excitant. Il y a une part d’inconnu, parce que c’est une première d’avoir quatre bateaux de cette taille sur une course si longue en double, mais à bord, il n’y a que des gars qui ont vécu plein de situations sur l’eau et ont beaucoup d’expérience. Quand tu regardes les CV des équipages, c’est énorme, je n’ai jamais vu un niveau aussi haut. »
Les enjeux sportifs
Yves Le Blevec : « L’aventure est extraordinaire, c’est une sorte de rêve éveillé d’être skipper d’un bateau comme ça sur une telle course, je suis hyper enthousiaste. On n’a pas le bateau le plus récent, mais on commence à bien le connaître depuis qu’on en a pris possession il y a un an. On a commencé à le démonter et le remonter pour se l’approprier techniquement, ensuite, depuis la mise à l’eau en mai, on se l’est approprié sportivement en naviguant le plus possible, je pense qu’aujourd’hui, on a acquis entre 80 et 90% du mode d’emploi. Sur une course longue comme ça, il peut se passer beaucoup de choses, à nous d’être hyper intelligents dans notre façon de mener le bateau. »
Alex Pella : « Il faut essayer d’être dans les quatre ! Je rigole, mais ça veut déjà dire terminer la course. Après, si, ça se passe très bien, on peut viser le podium, et si ça se passe très très bien, on peut viser la victoire. Il faut être réaliste, on a le bateau le plus ancien donc a priori le plus « lent », à 100%, on va à la même vitesse que les autres à 80 ou 85%, mais c’est le plus rodé et le plus fiabilisé. Notre objectif sera de naviguer propre, de faire de belles trajectoires, de pousser la machine tout en préservant le matériel, parce qu’il faut tenir sur la durée. Le parcours est très long, c’est un demi-tour du monde, avec notamment deux passages de Pot-au-Noir. A mon avis, c’est surtout au niveau de la gestion de l’anticyclone de Sainte-Hélène que les écarts vont se faire. On fait rarement en course le trajet entre Le Cap et l’équateur, moi, ça m’est arrivé une fois, sur le record de la Route du Thé entre Hongkong et Londres, il y aura beaucoup de stratégie sur ce tronçon. »
Le duo
Yves Le Blevec : « Ça fait vingt ans qu’on se connaît avec Alex, on avait travaillé ensemble sur le départ de The Race à Barcelone, depuis, on a navigué ensemble et souvent l’un contre l’autre. Pour faire un bon duo, il faut pouvoir associer compétences et savoir-vivre, la bonne complémentarité humaine est importante pour qu’on soit sûrs de prendre les bonnes décisions ensemble. A bord, on est deux co-skippers, la seule différence entre nous, c’est que je suis le manager du projet. »
Alex Pella : « Notre atout, c’est qu’avec Yves, on s’entend vraiment très bien, ça fait vingt ans qu’on se connaît, on a beaucoup de confiance l’un envers l’autre. On a aussi un très bon feeling, sans doute aussi parce que nous avons eu des parcours assez similaires. Quand je réfléchis à un truc, souvent lui aussi est en train d’y réfléchir, nous avons vraiment une bonne connexion qui nous permet de prendre les bonnes décisions ensemble. »
La vie à bord
Alex Pella : « Nous emmenons 30 jours de nourriture, du frais pour le début, à savoir des fruits, des œufs, du bacon et bien sûr du jambon espagnol ! Côté sommeil, on a pas mal discuté avec Yves, il faut trouver une formule entre une organisation très cadrée comme tu l’as en équipage et un fonctionnement plus improvisé, comme ce qui se fait en solo. »
Ronan Gladu : « Une opportunité incroyable »
Media man à bord d’Actual Leader, Ronan Gladu, qui a jusqu’ici surtout travaillé dans l’univers du surf, se réjouit d’accompagner Yves Le Blevec et Alex Pella sur Brest Atlantiques : « C’est une opportunité incroyable qui m’est offerte, j’ai pas mal navigué cette année avec eux, ce qui est impressionnant sur ces bateaux, c’est que ça ne s’arrête jamais. » Son rôle à bord ? « Je n’ai le droit que de faire le ménage et la cuisine ! Sinon, c’est de faire partager le quotidien d’Yves et d’Alex, donc de tourner des images et ensuite de faire le montage dans ma petite cave au fond du bateau. Je vais surtout tourner la journée, car la nuit, par définition, tu captes moins de choses et la lumière du projecteur peut gêner les skippers qui ont besoin de s’habituer à la pénombre. Et il faut aussi que je dorme ! »