Troisième traversée stratégique
La flotte de « Brest Atlantiques » en a terminé ce samedi avec sa route le long des côtes africaines. Les trois trimarans ont mis le cap à l’ouest pour contourner, par le nord, l’anticyclone de Sainte-Hélène qui s’étale sur quasiment toute la largeur de l’Atlantique Sud entre Rio et Le Cap. Ils pourront ainsi récupérer un alizé de sud-est afin de progresser vers l’équateur et le Pot-au-noir.
Un alizé pas très établi, comme l’a confirmé Franck Cammas, à bord du leader, le Maxi Edmond de Rothschild, dans une vidéo envoyée par le media man Yann Riou : « C’est impressionnant comment c’est instable ». L’Aixois venait au passage d’apprendre l’abandon de Thomas Coville et Jean-Luc Nélias, commentant : « C’est sans doute la bonne décision pour eux, c’est la première course du bateau, ce n’est pas simple, bon courage à eux. Ce n’est jamais une bonne nouvelle et jamais des bons moments pour une équipe de ramener le bateau hors course, ça ne doit pas être de gaieté ce cœur qu’ils le font. »
Pour Franck Cammas et Charles Caudrelier, cette troisième traversée de l’Atlantique depuis le départ de Brest le 5 novembre n’est pas simple non plus, comme en témoignent les deux empannages qu’ils ont calés à la mi-journée de samedi, sans doute pour ne pas se brûler les ailes trop près de l’anticyclone. Et elle n’est pas moins compliquée pour leurs poursuivants, pointés à un peu pus de 300 milles, qui ont à prendre une décision stratégique dans les heures qui viennent.
Celle-ci est résumée par Yves Le Blevec, qui, avec Alex Pella sur Actual Leader, a repris la deuxième place au trimaran MACIF (François Gabart/Gwénolé Gahinet), moins rapide de 3 nœuds entre les classements de 12h et de 16h : « D’un côté, on a une route plus sud, qui impose de faire du près dans un front, elle est un peu compliquée avec une mer croisée, mais globalement plus rapide, de l’autre deux routes nord assez rapides mais avec une zone où il n’y a pas beaucoup de vent, il faudra décider d’aller à droite ou à gauche dans quelques heures. »
Visiblement, le skipper de La Trinité-sur-Mer a choisi, puisqu’il ajoute : « Je ne pense pas qu’on prenne l’option dure, parce que notre objectif principal depuis le premier jour de la course et jusqu’au dernier est de terminer avec un bateau en bon état. Donc si on peut éviter d’avoir des conditions compliquées qui nous imposent de maltraiter le bateau, ce qu’on a déjà suffisamment fait et ce qu’on fera probablement dans l’hémisphère Nord, on l’évite, même si ça doit nous coûter en théorique quelques heures de plus. » On devrait y voir plus clair dimanche matin…
Photo : Jérémie Eloy/Macif