La quatrième et dernière conférence de présentation des teams sur le village de Brest Atlantiques a eu lieu vendredi au sein de l’espace animations. L’occasion pour les deux skippers de Sodebo Ultim 3, Thomas Coville et Jean-Luc Nélias, d’échanger avec le public et d’évoquer leurs ambitions. Morceaux choisis…

Sodebo Ultim 3

Thomas Coville : « Un bateau neuf, c’est toujours un moment très particulier. Là, on est partis d’une feuille blanche, en tout deux ans de conception et de construction, on a fait des choix audacieux et un choix ambitieux d’organisation, parce qu’on a décidé de constituer un groupe en mode collaboratif plutôt que de ne faire appel qu’à un seul architecte. A la mise à l’eau en mars, on avait forcément des doutes, ces doutes se sont levés dès les premières navigations, on a eu six mois de mise au point pour découvrir ce bateau, et aujourd’hui, je suis beaucoup plus rassuré que je ne l’étais en mars. Sodebo Ultim 3 est très sain, il ne nous a jamais mis en danger. Maintenant, ces bateaux restent difficiles à comprendre parce qu’ils commencent à décoller, mais c’est une spirale tellement enthousiasmante qu’on a une chance incroyable de faire partie de la génération qui découvre ces bateaux qui volent. Il y a cinq ans, c’était encore de la science-fiction. »

La course au large, une spécificité française

Thomas Coville : « C’est vrai que la course au large et notamment en solitaire est devenue une spécificité française. Pourquoi ? Parce que nous avons un public, et pourquoi nous avons un public ? Parce qu’en France, il y a des partenaires dont la motivation est de partager leur engagement dans la voile avec le grand public, alors que dans le monde anglo-saxon, ce sont surtout des propriétaires qui se paient un bateau et font ça avant tout pour eux, sans forcément avoir cette envie de partager ça avec le grand public. »

La préparation physique

Jean-Luc Nélias : « Le physique se travaille tout le temps, chacun a ses recettes, ce qui est sûr, c’est que les bateaux sont de plus en plus difficiles. La préparation, ce n’est pas un entraînement physique comme un athlète qui fait du saut en hauteur, c’est pendant toute la carrière, c’est un souci permanent, surtout quand on prend de l’âge, donc il faut s’entretenir, faire du cardio, s’assouplir, aller chez le kiné et l’ostéo. »

L’entente à bord

Thomas Coville : « Ça nous arrive de ne pas être d’accord, mais on se dit les choses. C’est ça qui est passionnant, on parle beaucoup de technologie, mais au milieu de ça, il y a un couple, une relation entre deux personnes qui partagent quelque chose d’incroyable dans une grande promiscuité, on est très proches l’un de l’autre, au sens propre comme au sens figuré, il faut être capable d’accepter la différence de l’autre. D’ailleurs, je cherchais quelqu’un qui soit très différent de moi pour que ce soit plus constructif et plus performant, on est en permanence obligés de trouver des solutions pour que ça marche. »

Jean-Luc Nélias : « Cette relation dans un huis clos est intéressante à vivre, il y des moments où le moral varie, les conditions sont parfois dures. Le premier truc qui nous manque, c’est le sommeil, et quand on est en dette de sommeil, on est plus irascible, ça nous arrive donc quand on se lève de la sieste de ne pas être forcément très agréable. Il y a des jours où c’est gris, où la connexion est plus difficile, dans ce cas, on repère que l’autre est dans cet état-là et on essaie d’être plus soft, de moins communiquer, de ne pas se marcher sur les pieds. Il y a des mecs toujours joviaux, d’autres plus bougons, mais tous les deux, on ne manque pas d’humour, on a une bonne éducation et on a suffisamment d’expérience dans les relations humaines pour prendre sur soi et désamorcer la situation. »

Le plateau de Brest Atlantiques

Jean-Luc Nélias : « Le plateau est de qualité, les palmarès sont énormes, avec des bateaux assez différents, il n’y a pas encore de morphotype dans cette classe. C’est une aventure car la course va durer un mois, il va falloir tenir physiquement, l'effort va être soutenu dans des bateaux turbulents qui nous secouent pas mal, on ne sait pas dans quel état vont rentrer les bonshommes et les bateaux. »

Thomas Coville : « On a un bateau qui peut gagner, après il faudra tenir la cadence, les bateaux vont tellement vite que ce sont les bonhommes qui doivent choisir le bon dosage sur la durée. On a une vraie carte à jouer, par rapport à ce qu’on représente avec Jean-Luc et à ce qu’a montré le bateau. Il faudra être patient, l’arme fatale, c’est la durée. »


Media man à bord de Sodebo Ultim 3, Martin Keruzoré, qui a joué ce rôle sur la dernière édition de la Volvo Ocean Race, explique comment il envisage son travail sur Brest Atlantiques : « Dès le début, je vais essayer de m'imposer une certaine rigueur pour envoyer des images régulièrement. Le drone, je vais y aller petit à petit, je vais commencer dans des conditions légères, puis peut-être prendre plus de risques, toujours maîtrisés, pour réaliser des plans que j’ai en tête. On va avoir pas mal de lune dans quelques jours, donc ça va être possible de réaliser des images de nuit, quand il y a la pleine lune, on peut faire des images vraiment intéressantes, qu’on a peu l’habitude de voir. Sur Sodebo Ultim 3, j’ai la chance d’avoir un bureau avec vue panoramique sur les trois étraves, je suis aux premières loges, je suis vraiment super content. Sinon, ça ne me dérange pas de faire le café, la cuisine et un petit brin de ménage, c’est le minimum que je peux faire pour aider mes coéquipiers.  »