Routage : à chacun sa cellule
Sodebo Ultim 3 : Trois à Lorient, deux en mer
La responsabilité du routage de Thomas Coville sur ses Sodebo successifs a souvent incombé à Jean-Luc Nélias, sauf que sur Brest Atlantiques, ce dernier est à bord, il a fallu donc trouver d’autres compétences pour seconder le duo de Sodebo Ultim 3 : « Notre cellule de routage fonctionne depuis Lorient, dirigée par Philippe Legros, avec Thierry Douillard et Thomas Rouxel, comme bras droits », explique Jean-Luc Nélias. Soit trois marins qui ont l’expérience des grands multicoques pour les deux derniers (Thierry Douillard faisait partie de l’équipage de Sodebo sur Nice UltiMed), de l’analyse de performances pour le premier, qui a beaucoup navigué en Imoca. « Philippe était disponible, j’ai pensé qu’il correspondait au profil. Son rôle, avec Thierry et Thomas, sera de nous mâcher le travail et de nous proposer des choix appuyés et raisonnés, après, ce sera à Thomas et moi de trancher », poursuit Jean-Luc Nélias. « Ce n’était pas évident de trouver quelqu’un qui accepte de router Jean-Luc, sourit Thomas Coville. Philippe m’a bluffé, il a relevé le défi, c'est quelqu'un qui, en plus d'être un bon navigant, a de la répartie, est capable de tenir la pression et de prendre ses responsabilités, il a clairement la carrure. »
Actual Leader : Fidèle à Christian Dumard
A bord d’Actual Leader, Yves Le Blevec joue la carte de la fidélité, puisque lui et Alex Pella, seront secondés par Christian Dumard, avec lequel le skipper de La Trinité-sur-Mer collabore depuis plus de dix ans, en Multi 50 d’abord, en Ultim ensuite. « J’ai une très grande confiance en lui », confirme Yves Le Blevec qui, comme les autres marins participant à Brest Atlantiques, n’entend pas pour autant négliger l’analyse météo en mer : « La stratégie, on la fait à bord. A terre, Christian fait le même job, mais il va un peu plus loin dans la démarche et il peut nous alerter sur des points de détail que nous n’aurions pas vus, parce que nous sommes moins dans la précision. La grosse différence, c’est que la réflexion est plus posée à terre, ensuite, la confrontation des analyses est intéressante. » Et au final, là encore, le dernier mot revient aux skippers en mer : « C’est vraiment Alex et moi qui faisons le gros de la stratégie. Le temps où le routeur te disait d’aller à tel ou tel endroit est terminé », conclut Yves Le Blevec.
Maxi Edmond de Rothschild : Marcel Van Triest fait l’unanimité
Arrivés aux commandes du Maxi Edmond de Rothschild au printemps dernier, Franck Cammas et Charles Caudrelier ont tous les deux souhaité s’appuyer sur la très grande expérience de Marcel Van Triest, avec lequel l’un comme l’autre avaient auparavant collaboré, en multicoque et sur la Volvo Ocean Race. « La première fois que j’ai travaillé avec lui, c’était en 2000 sur mon premier Groupama, se souvient le premier. Le gros avantage de Marcel, c’est que c’est quelqu’un qui navigue beaucoup, et c’est important, parce que le routage, c’est 20% de météo, 80% de stratégie et de performance du bateau : nous avons tous la même base de réflexion, il faut donc bien connaître le type de bateau, la capacité de l’équipage à manœuvrer, ces données influent sur le choix de routage. » Son de cloche identique chez Charles Caudrelier : « Pour nous, c’était l’homme idéal, un choix évident, parce qu’il a beaucoup navigué, il apporte un regard très marin. »
Mais là encore, les deux skippers entendent bien avoir le dernier mot : « Tous les deux, on aime bien la stratégie météo et Franck n’est pas quelqu’un qui se laisse facilement guider, mais il connaît bien Marcel, donc c’est plus simple. Le routage extérieur, c’est un dialogue permanent. Parfois, il va nous demander de faire telle trajectoire, on va lui proposer de faire différemment parce qu’on estime qu’on peut aller beaucoup plus vite en changeant d’angle, ou à l’inverse, on va lui dire que ce n’est pas possible, parce qu’on ne peut pas tenir le rythme qu’il nous demande », poursuit le vainqueur de la dernière Volvo Ocean Race... grâce notamment à un choix stratégique payant soufflé avant la dernière étape par Marcel Van Triest. Franck Cammas conclut : « A deux avec Charles, on a le temps de pas mal réfléchir, mais les conseils de Marcel sont souvent utiles et judicieux ».
Trimaran Macif : Un « Sorcier » bien entouré
Depuis la mise à l’eau du Trimaran Macif en août 2015, François Gabart s’appuie sur l’expertise de Jean-Yves Bernot, alias « le Sorcier », spécialiste reconnu du routage, qui officie notamment depuis des années au Pôle Finistère course au large de Port-la-Forêt. Ce dernier se fait accompagner dans son antre de Châtelaillon, près de La Rochelle, de Julien Villion, marin touche-à-tout passé par l'olympisme, le Diam 24, le Figaro et les bateaux volants, tandis que la cellule de routage est complétée par des membres de l’équipe Macif qui se relaient : Antoine Gautier (directeur des études), Guillaume Combescure (responsable performance) et Emilien Lavigne (ingénieur recherche et développement). « C’est important qu’il y ait toujours une personne de l’équipe qui sache exactement ce qu’on fait à bord et puisse intervenir s’il faut comprendre des problématiques du bateau », explique François Gabart.
Qui, ajoute, à propos de la relation routeur/routé : « J’adore la météo, mais il y a des moments en mer où tu as moins le temps de t’en occuper. Et comme j’ai totalement confiance en cette équipe, si jamais on a des soucis à bord ou pas de possibilité de regarder la météo, je suis les yeux fermés ce qu’ils me conseillent de faire. Ce qui est important, c’est de comprendre la situation globale dans laquelle on est, mais il y a plein de détails sur lesquels on ne peut pas passer beaucoup de temps. Après, si plusieurs options se dessinent, l’arbitrage final se fait sur le bateau. »
Photo : Sea & Co