Premier break pour le Maxi Edmond de Rothschild, mais arrêt programmé
L’adage souvent utilisé en course au large qui veut que les riches deviennent toujours plus riches s’est vérifié sur la première des deux traversées du Pot-au-noir de Brest Atlantiques. Samedi matin, au moment d’analyser le positionnement de cette zone intertropicale, où convergent alizés des hémisphères Nord et Sud, provoquant une remontée d’air chaud et de grosses masses nuageuses générant soit grains violents, soit périodes de calmes, Franck Cammas estimait que les premiers arrivés avaient plus de chance d’y passer moins de temps que les autres.
Le skipper du Maxi Edmond de Rothschild a vu juste : le plan Guillaume Verdier, entré dans l’après-midi de samedi dans le Pot-au-noir, n’y aura en effet passé qu’une quinzaine d’heures, sans jamais être totalement arrêté, sauf dimanche matin alors qu’il semblait sorti d’affaire. « On pensait sortir plus tôt, mais un nuage nous a accrochés juste avant et nous avons repris quelques heures ! Là ça semble être la bonne risée... », a confié Franck Cammas dans la matinée.
Derrière, leurs poursuivants auront été davantage freinés, puisque tour à tour, le trimaran MACIF (François Gabart/Gwénolé Gahinet), handicapé depuis samedi par une avarie au niveau du safran de coque centrale, Sodebo Ultim 3 (Thomas Coville/Jean-Luc Nélias) et Actual Leader (Yves Le Blevec/Alex Pella) ont eu le droit à leurs coups d’arrêt successifs, difficiles à vivre pour des marins qui ont fait des hautes vitesses leur spécialité.
Dans une vidéo envoyée par Martin Keruzoré, media man à bord de Sodebo Ultim 3, qui résume à elle seule ce qu’est le Pot-au-noir, entre brutales accélérations dans les grains et voiles battantes dans la « pétole », Thomas Coville expliquait dimanche matin : « On n’en est pas sortis du tout, le Pot-au-noir s’est reformé devant nous. Il n’a pas fallu grand-chose pour qu’on arrive à accrocher la même chose que les autres devant. C’est beaucoup d’efforts pour beaucoup de frustration. »
Résultat de ce coup de l’élastique, le Maxi Edmond de Rothschild, qui a franchi l’équateur dimanche à 14h45 (heure française) après 5 jours 3 heures et 45 minutes de mer, comptait au classement de 16h 163 milles d’avance sur le trimaran MACIF (contre 44, 24 heures plus tôt), 221 sur Sodebo Ultim 3 (contre 164) et 376 sur Actual Leader (contre 371).
Reste que les cartes vont sans doute être redistribuées dans les prochains jours, avec les escales programmées des deux bateaux de tête : si l’équipe de MACIF n’a toujours pas communiqué sur son lieu d’arrêt pour réparer le safran central du trimaran, le Gitana Team a annoncé ce dimanche après-midi que le Maxi Edmond de Rothschild allait faire un « pit-stop » à Salvador de Bahia à cause d’une avarie au niveau de la dérive du trimaran. « Nous allons devoir nous arrêter à Bahia quelques heures, a confirmé Franck Cammas dans un communiqué envoyé par son équipe. Nous avons eu un problème avant le passage du Cap Vert sur notre dérive et il y a des choses à réparer. On ne sait pas exactement ce qui s'est passé, un choc vraisemblablement, mais visuellement, le bas de la dérive est abîmé, donc le bateau n'est pas dans des conditions de navigation optimales. Avec Cyril Dardashti, l'équipe et notre routeur Marcel Van Triest, on a pesé le pour et le contre : ce que nous coûte l'arrêt en termes de milles, ce qu’il reste à faire en longueur de course, car nous avons seulement fait un quart du parcours, la météo à venir et bien sûr la sécurité. Après avoir regardé tout cela, on pense que le meilleur compromis, c'est cet arrêt pour repartir avec un bateau à 100 % de son potentiel ».
Avec l'aide de l’organisation de la Transat Jacques Vabre et du responsable de la Marina de Salvador de Bahia, une solution a été trouvée pour que le Maxi Edmond de Rothschild vienne s'amarrer quelques heures dans la « Baie de tous les Saints » afin de réparer sa dérive endommagée.
Photo : Yann Riou/PolaRyse/Gitana SA