Le Maxi Edmond de Rothschild vainqueur de « Brest Atlantiques » !
Partis le 5 novembre de Brest dans des conditions musclées, Franck Cammas et Charles Caudrelier ont retrouvé ce mercredi matin la cité du Ponant dans un « temps de demoiselle » (mer plate, légère brise d’est, soleil levant), franchissant en vainqueurs à 10h24'46'', après avoir enchaîné les virements de bord dans les dernières heures de course, la ligne d’arrivée de « Brest Atlantiques » au bout exactement de 28 jours 23 heures 24 minutes et 46 secondes de mer.
Arrivés à la barre du Maxi Edmond de Rothschild fin avril dernier, les deux skippers, déjà vainqueurs au mois d’août du Fastnet, course qui leur avait permis de prendre confiance en leurs capacités à mener ce trimaran Ultim volant, s’offrent ainsi une grande victoire de prestige sur une épreuve au long cours, qui, par son format, sa durée et son parcours, avait tout d’un grand saut dans l’inconnu, pour eux et pour leurs camarades de jeu.
A l’arrivée, cette victoire est incontestable : après avoir pris les commandes de la course dès la deuxième nuit de mer en empannant les premiers le long des côtes marocaines, Franck Cammas et Charles Caudrelier les ont gardées jusqu’à leur arrêt technique le 12 novembre à Salvador de Bahia - un arrêt qui aura duré 13 heures et 40 minutes, le temps qu’une petite équipe dépêchée par le Gitana Team procède à la réparation du plan porteur de la dérive abîmé juste avant le Cap Vert. Ils n’auront alors mis que deux jours pour repasser en tête, le 14 novembre à 20h au large de Rio, une première place qu’ils n’ont depuis plus lâchée. Soit environ 25 jours passés aux avant-postes sur presque 29 au total !
La recette de ce succès ? Un bateau, mis à l’eau le 17 juillet 2017, qui, après plus de deux ans de mise au point (deuxième de la Transat Jacques Vabre en 2017, abandon sur la Route du Rhum en novembre 2018 après la perte de l’avant du flotteur tribord), fait aujourd’hui figure d’étalon pour la flotte des « Ultim », le premier conçu spécifiquement pour voler au large (par l’architecte Guillaume Verdier et le bureau d’études du Gitana Team sous la responsabilité de Pierre Tissier) ; et deux marins, Franck Cammas et Charles Caudrelier, qui, à respectivement 46 et 45 ans, ont su rapidement trouver les manettes de leur machine, grâce à leur expérience du trimaran au large et à leur talent (le premier a été élu Marin de l'année en 2012 et 2013, le second en 2018).
En plus de leurs victoires sur une coque (Solitaire du Figaro une fois chacun, Volvo Ocean Race ensemble en 2012 sur Groupama 4, en tant que skipper de Dongfeng Race Team en 2018 pour Charles Caudrelier), ils ont en effet beaucoup navigué et gagné sur trois coques avant d’intégrer en avril dernier l’écurie de course au large créée par Ariane et Benjamin de Rothschild en 2000 : Franck Cammas en Orma (il compte trois victoires sur la Transat Jacques Vabre dans les années 2000) puis sur le maxi Groupama 3 (Trophée Jules Verne en équipage puis Route du Rhum en solitaire la même année, en 2010), Charles Caudrelier en MOD 70 (succès sur la Transat Jacques Vabre en 2013, déjà sous les couleurs du Gitana Team).
Cette expérience et leur bonne entente à bord leur ont permis de souvent mener au maximum de son potentiel le Maxi Edmond de Rothschild tout au long des 17 084 milles effectivement parcourus (la route directe est de 13 752 milles), avec une moyenne impressionnante de 24.57 nœuds (meilleure journée le 18 novembre avec 741 milles en 24 heures, à 30.9 nœuds de moyenne), ce qui faisait dire à Franck Cammas mardi, au moment d’être survolé par un avion de la Marine Nationale : « Les océans rapetissent avec ce genre de bateau, cette course a été un bon test pour l’éprouver, on a vu ce qui pouvait casser, ce qui était fatigué et les choses à améliorer, c’était vraiment une course intéressante pour préparer les tours du monde ». Des tours du monde qui sont effectivement les futurs horizons du Maxi Edmond de Rothschild et des trimarans de la classe Ultim 32/23…
Les premiers mots des vainqueurs :
Franck Cammas : « Ça a été une course super difficile, il y a eu des hauts et des bas, mais ça s’est super bien passé. Avec Charles, on a été performants, c’est top. On s’est battus du début à la fin, on est toujours ravis d’avoir ses concurrents loin derrière. Notre complicité paie, on apporte chacun un plus à l’autre, Charles a vraiment été très bon, je suis ravi, on a fait un bon binôme. »
Charles Caudrelier : « Les dernières heures ont été longues, avec pas beaucoup de vent, on a un peu attendu pour arriver au bon moment, avoir un peu de spectacle et partager ça pas tout seul. C’est magnifique, cette côte est sublime, j’ai adoré la dernière nuit, parce que nous sommes passés dans tous les endroits où j’ai appris à naviguer, c’était du plaisir de traîner dans le coin. Je suis amoureux de ce bateau, depuis le premier jour, je l’aime, je n’ai jamais pris autant de plaisir, tous les jours, j’ai envie de naviguer dessus. Je crois qu’on peut dire que c’est le plus beau bateau au monde, c’est le premier qui a été dessiné pour voler au large, il est juste magique. »
Photo : Alexis Courcoux/Brest Atlantiques