Des bateaux sous surveillance
Après le Maxi Edmond de Rothschild (Franck Cammas/Charles Caudrelier), premier à retrouver l’hémisphère Nord, à 3h13 (heure française) dans la nuit de mercredi et jeudi, le trimaran MACIF (François Gabart/Gwénolé Gahinet) et Actual Leader (Yves Le Blevec/Alex Pella) ont à leur tour franchi l’équateur vendredi matin, à respectivement 8h30 et 11h02, après exactement 24 jours et 2 minutes de mer pour ce dernier.
Comme on pouvait s’y attendre au vu des vitesses respectives des bateaux depuis jeudi matin, François Gabart et Gwénolé Gahinet sont parvenus à reprendre la deuxième place dans la nuit de jeudi à vendredi, faisant dire au premier, joint lors de la vacation vidéo hebdomadaire, organisée vendredi à la Maison de la Bretagne, au pied de la Tour Montparnasse : « Je pense que c’était la bonne option, parce que quand on est partis dedans, on avait un petit retard sur Actual Leader, et là, on revient juste devant, donc on est plutôt contents d’avoir fait ça, c’était important de tenter dans la situation dans laquelle on était. »
Dans le « camp d’en face », Yves Le Blevec, également joint ce vendredi, a une lecture légèrement différente : « On surveillait du coin de l’œil la progression de MACIF qui avait fait une option radicalement différente, au bout du compte, c’est assez équivalent en termes d’options. » Arbitre plus neutre de cette bataille qu’il a suivie à distance, Franck Cammas estime quant à lui : « Je pense que ça a été une réussite pour lui (MACIF), parce qu’il a gagné une centaine de milles sur Actual, c’est la preuve que c’était une option intéressante, même si elle n’était pas simple. »
Reste que les deux trimarans sont encore très proches l’un de l’autre au moment d’attaquer ce vendredi le Pot-au-noir, dans lequel le Maxi Edmond de Rothschild est passé comme une fleur la veille, et que le duel devrait encore durer jusqu’à Brest. Surtout qu’à ce stade de la course, tous les trimarans ont leur lot de petits bobos.
Jeudi, dans une vacation organisée par son équipe, François Gabart confiait ainsi, à propos de son plan VPLP : « On ne va pas cacher qu'on a eu plusieurs problèmes, comme sur le plan porteur de la dérive avant Rio, ce qui a eu des conséquences assez importantes sur les vitesses du bateau. » Relancé sur le sujet vendredi, le Charentais a ajouté : « On a eu pas mal de soucis qui nous ont notablement ralentis, mais là, au moment où je parle, on est quasiment à 95% du potentiel du bateau, ça fait plaisir, mais c’est sûr que ça a été un gros enjeu pendant la course. »
Du côté d’Actual Leader, Yves Le Blevec, interrogé sur l’état de son trimaran après 24 jours de mer, s’est montré satisfait : « On n’a rien de majeur qui nous handicape, le potentiel du bateau est intact, tel qu’il était au départ de Brest il y a plus de trois semaines », le skipper de La Trinité-sur-Mer et Alex Pella ayant juste dû se lancer dans un atelier mat cramé pour réparer « la bâche aéro à bâbord qui s’était bien barrée » sur le bras de liaison avant d’Actual Leader.
Enfin sur le Maxi Edmond de Rothschild, solide leader avec, vendredi à 16h, 544 et 620 milles d’avance sur ses rivaux, Franck Cammas s’est montré très soucieux de ménager sa monture : « Notre première priorité est de passer dans des endroits « safe » et de ne pas surcharger le bateau. On n’est par exemple pas à 100% à l’attaque dans les changements de voiles, on essaie d’anticiper et de ne pas sur-toiler le bateau, chose qu’on aurait pu faire les deux premières semaines. » L’objectif stratégique de l ‘Aixois et de Charles Caudrelier ? « L’idée est de monter le plus vite possible vers les Açores pour se mettre à l’avant d’un front et attraper un vent de sud pour arriver à Brest. Après, ce sera l’autoroute, mais pas forcément une autoroute simple, du reaching dans 20-25 nœuds. Ce serait le scénario idéal. » Un scénario idéal qui ferait arriver le Maxi Edmond de Rothschild le 4 décembre au matin, après environ 29 jours de course…
Photo : Yann Riou/PolaRyse/Gitana SA