Visual Story du 21 nov. 2019 / Jour de course #15
Yann Riou / Mediaman à bord de Edmond de Rothshild
Depuis le début de la nuit, nous avons arrêté de tricoter le long de la zone de glaces, et nous faisons route vers Le Cap. C’est-à-dire vers le nord. C’est aussi la première fois que l’on se rapproche de Brest, à l’exception de quelques bords marginaux pour être tout à fait exact. Nous quittons les quarantièmes, qui n’ont pas été spécialement rugissants cette fois-ci. Pour tout dire, le décor était assez semblable à ce que l’on peut trouver au large de Lorient à la même période. À l’exception de quelques albatros...
Ces fameux albatros ! Parlons-en justement. Avant d’arriver à Gough Island, Franck me dit : « On ne va pas tarder à voir des albatros ». Deux heures après, à la tombée de la nuit, j’en aperçois un ! On sent le mec qui connait bien le quartier... Je me précipite vers mon appareil photo. Trop tard, trop loin, trop nuit. Depuis, je fais des quarts. Je guette l’animal, caméra au poing, prêt à déclencher. J’en ai bien aperçu un ou deux. Mais trop tard, trop loin, trop nuit.
Ce matin, on est officiellement sortis des quarantièmes. Occupé à enlever des couches de polaire, je jette un œil sur le pont. Cette fois-ci, il n’était pas trop loin. Mais mon appareil photo était en train de charger en bas, à l’intérieur de la coque centrale, là où il fait trop nuit. Le temps d’aller le chercher, bien évidemment, c’était trop tard. J’ai fini d’enlever ma deuxième couche de polaire. On entre dans la dorsale. Ce soir, on enroule Robben Island, on passe devant Le Cap et on fait route vers la maison !