Visual Story du 13 nov. 2019 / Jour de course #8
Martin Keruzoré / Mediaman à bord de Sodebo Ultim 3
Voilà une semaine que nous sommes embarqués à bord de ces engins, une semaine que nous essayons de vous raconter, retranscrire, faire vivre ce qu’est la vie sur un Ultim lancé à l’assaut de l’Atlantique.
Pour ma part, cette première partie de course à bord de Sodebo s’est dans l’ensemble bien déroulée, mais avec une toute autre approche si l’on compare à mes expériences passées. En multicoque, tout est plus grand, plus rapide, plus dur. Un superlatif omniprésent quand on essaye de travailler et notamment l’image sur ses bateaux. La mise en jambe, au départ de Brest, à moins d’avoir loupé le premier épisode, fut tonic. Difficile pour nous aussi, équipier média, de rentrer dans la partie avec au menu, un plat principal à base de 35 noeuds de vent accompagné d’une mer abominable. La joie de partir sur cette nouvelle aventure est vite reléguée en arrière-plan et laisse place au challenge de produire des images dans ses conditions musclées. Casque sur la tête et concentration à son maximum à peine franchi la ligne de départ pour éviter de se blesser ou casser du matériel, règle numéro un que je m’étais fixé sur cette entame de course. Ça secoue et ça vole dans tous les sens, ordinateur, tablette, boitier photo, il faut constamment tout sécuriser à l’aide de mousquetons, élastiques, systèmes en tous genres si vous ne voulez pas que vos outils de travail finissent en deux morceaux, sous le vent, dans un bain de sel.
C’est un véritable marathon, une course sur la durée, nous avons plusieurs milliers de milles pour en faire le récit, la stratégie adoptée par les marins est aussi bonne pour nous, ne pas abimer l’homme et la machine. Heureusement épargné par le mal de mer, je ne vais pas vous cacher que j’ai bien mis 4-5 jours à trouver le rythme de « croisière » à bord, normalement cela me prend 2-3 jours sur un bateau « classique ». Trouver le rythme c’est pour moi être en accord avec le bateau, bien manger, bien dormir, effectuer ses tâches quotidiennes, mais c’est aussi être en accord avec les hommes, les comprendre, intégrer ce duo sans les perturber, sans se faire remarquer. Nous aussi on a notre lot de petite galère, de mon côté le drone que j’avais embarqué n’a jamais voulu décoller, aujourd’hui nous avons résolu l’histoire et j’espère pouvoir vous offrir des images aériennes très prochainement.
Dans quelques jours, une fois passées les eaux chaudes brésiliennes, nous allons faire cap à l’Est, des conditions difficiles sont au rendez-vous et nous allons tout mettre en œuvre pour vous rendre compte quotidiennement de la situation à l’aide de nos caméras.
Jérémie Eloy / Médiaman à bord de Trimaran MACIF
Une semaine en mer, un au-revoir, une tempête, un Pot-au-Noir, un équateur, lʼalizé, des couchers de soleil, des levers de lune, des poissons volants, des surfs infinis, les nuits étoilées, un OFNI, la mer qui défile, le foil qui hurle, des repas partagés, des histoires racontées, des frissons, de lʼangoisse, des nuits agitées, des sourires, des rires, du chocolat au thé, du vacarme, un paquebot qui ne comprend pas pourquoi on ne se déroute pas pour les photos…
En une semaine jʼai appris à connaître ce bateau, ses réactions, ses murmures, ses hurlements, ses craquements, ses joies, ses peines, son rythme, le tout partagé avec mes acolytes dʼaventure.
Jʼaime regarder la mer qui déroule, parfois je jette un œil, juste pour savoir si elle est toujours là. Mais franchement aujourdʼhui dans la pétole, lʼenvie de se jeter dans lʼeau, se rincer, était plus que tentante mais déjà une risée pointe son nez, le bateau sʼébroue, courbe lʼéchine, et reprend de plus belle, ça siffle, ça hurle. On sait que lʼon va à Rio, réparer, panser, retrouver la terre ferme, pour mieux repartir, vers un autre continent, lʼAfrique.
Yann Riou / Mediaman à bord de Edmond de Rothschild
Course suspendue. Escale. Un gros travail de l’équipe technique. Et un départ quelques heures seulement après avoir rallié Salvador. Avant même de s’être réhabitué au confort de la vie sur la terre ferme. Et me voilà de nouveau assis au même endroit qu’hier, ma tablette sur les genoux. Juste au dessus, Franck et Charles ont repris leurs quarts. En course! Rien ne semble avoir changé depuis hier, et pourtant. Notre bateau a retrouvé son potentiel, nos skippers sont sur-motivés, notre équipe peut-être fière du travail accompli, et notre vaisselle est propre.
On a passé une journée au Brésil. Drôle de journée.