Visual Story du 7 nov. 2019 / Jour de course #2


Ronan Gladu / Mediaman à bord d'Actual Leader
"Le moral est au top à bord d’Actual Leader, alors qu’on file vers les alizées.
A bord également, nous avons le classement que toutes les 4 heures, comme vous à terre. Et hier après-midi, notre vitesse moyenne sur 4 heures était de 31nds. Une belle moyenne qui a rempli de joie Yves et Alex qui se donnent vraiment à fond !
Pourtant c’était pas simple, même si la mer est relativement plate, le vent était super instable, indépendamment des nuages. Par moments, on avait l’impression d’être collé à 25nds ! et d’autres qu’on allait sortir de la piste, autour des 40nds !
Alex est en permanence aux réglages, alors qu’Yves gère et optimise les petits défauts de bord, des histoires de pilotes automatiques et surtout l’hydo-générateur qui fait des siennes. Le tout saupoudré de blagues et « d’histoires de chasse » :
« On vient de passer la latitude de ma maison » dit Alex
« Tu vois, c’est ici que j’ai déchiré mon grand-spi sur ma 1ère Mini... » dit Yves.
Au couché du soleil, on a eu quelques gros grains hyper impressionnants – enfin pour moi ! - en dessous, on était en permanence à plus de 40 nds… j’ai même vu le speedo à plus de 44nds !
Cette nuit, il y a eu pas mal de manœuvres, notamment l’envoi du gennaker (la plus grosse voile d’avant du bateau), un peu plus d’une heure à s’activer, courir dans tous les sens, mouliner... le tout sans ralentir (le bateau filait autour de 30nds!). Le but de l’opération, ce n’est pas d’accélérer, mais de pouvoir descendre beaucoup plus au vent, maintenant « on glisse » comme ils disent.
L’eau a radicalement changé de couleur. Difficile à décrire « bleu émeraude » je dirais. L’air est chaud, Yves vient de me dire qu’on a dépassé Madère ! Ça fait 48 heures qu’on est parti de Brest et on est déjà hors du temps, c’est à la fois magique et difficile à assimiler !"


Martin Keruzoré / Mediaman à bord de Sodebo Ultim 3
Deuxième nuit à bord de Sodebo et une tout autre ambiance. Les montagnes russes laissent place à de longues glissades sur une houle beaucoup plus maniable que la veille. En ce début de nuit, la question se pose de quand aller installer l’amure du j0 (voile d’avant). La nuit est noire, les vitesses sont toujours au-dessus de 30 nœuds depuis quelques heures, il va falloir y aller, revêtir harnais et casque pour aller jouer les funambules à l’étrave centrale de Sodebo Ultim 3. La décision est prise de manger un plat chaud, le premier depuis notre départ pour ensuite aller installer cette voile d’avant, la plus grande de notre garde-robe, destinée à des allures plus abattues. Sans même les apercevoir, les foils fendent la mer et laissent échapper des sifflements complétant toute une partition musicale. Le plat du soir avalé, les bottes déjà chaussées, Thomas et Jean-Luc se mettent en condition pour cette prochaine manœuvre. Dans la pénombre du cockpit, les visages sont concentrés, ils répètent ensemble la procédure avant de s’extraire de la cellule de vie. Thomas évolue en avant de la coque centrale, éclairé par un projecteur situé dans le mat, il tente de se frayer un chemin à travers les bouts et les embruns. Jean-Luc, lu,i est au piano avec toujours un œil attentif sur Thomas. C’est une véritable chorégraphie que les deux marins effectuent sur le pont, les points blancs de leur lampes frontales évoluant d’un côté et de l’autre du bateau pour acheminer la lourde voile à l’avant. Une fois l’amure fixée à sa galette, il est temps de rentrer à l’abri pour hisser le gennaker. Plusieurs minutes au moulin à café sont nécessaires pour pouvoir ensuite le dérouler et prolonger les glissades jusqu’au bout de la nuit.



Yann Riou / Médiaman à bord de Maxi Edmond de Rothschild
Hier on a enlevé les premières couches de polaire. Ce matin, il fait franchement bon. Sur le pont c’est très agréable. En ce qui me concerne, je passe pas mal de temps à l’intérieur de la coque centrale quand je travaille ou quand je me repose. Ma bannette est à quelques mètres du moteur. La première nuit, lorsqu’on a fait tourner le moteur pour charger les batteries, ça a réchauffé l’atmosphère et c’était plutôt agréable. Un petit chauffage d’appoint! Cette nuit en revanche, la température est montée suffisamment pour que j’éprouve le besoin d’utiliser un petit ventilateur installé au dessus de mon poste de travail... de ce point de vue là, je redoute notre arrivée sous les tropiques.


